Solstice Ashcroft ◈ Alex Lee-Aillon

tes poumons s’embrasent et se confondent en cendre dans ton système. tu chutes sur un mur de brique, à la croisée de deux ruelles. et lorsque ton échine semble se briser sur la force de ta détresse, ton corps s'éprend de spasmes et tu te mets à tousser. un goût métallique qui se fond sur ta langue. des larmes qui tiennent de misère sous tes paupières closes. tu ne pensais pas que tu passerais tes jours à fuir. fuir la silhouette d'un membre de ta famille. fuir les sirènes de la police envoyée sur ton cas de voleuse. fuir les hommes sans respect aucun. tes jambes tremblent et tu décides de rejoindre les déchets du sol. tu hoquettes en essayant de descendre ta jupe contre tes genoux écorchés. un jour. un jour où tu décides d'être coquette. sortir un peu de ton angoisse pour tenter de te sentir femme, comme tu le devrais. et des mains sales sur ta peau. des regards dégoulinants croulant sur ta nuque. soupire humide aux arrogances verbales envoyés directement contre tes tympans.

tu attrapes le crayon de cire rouge et tu t'attardes à emplir le symbole. tu y mets tant de vigueur que le bâtonnet coloré se brise entre tes doigts. ton coeur est à moitié vide. des sentiments plein la feuille. des gouttelettes miroitantes chutèrent sur la texture cirée, restant en surface avant que tu n'attrapes la feuille et que les larmes s’imprègnent ailleurs sur le dessin. tu te glisses hors de ta chaise. et c'est au moment de poser les deux pieds sur la lave que le bruit te revient. que ta conscience cesse de voler dans le ciel. tu entends maman crier sur papa. papa crier sur maman en retour. ton frère qui essaie tant bien que mal de soutenir votre marâtre dans ce drame familial constant. tu t'avances vers le salon. les pieds qui se mutilent sur le verre jonchant le plancher. tu t'arrêtes lorsque la tempête sentimentale s'approche lentement de toi. tu serres le dessin entre tes doigts. tu déglutis. et tu tentes d'ouvrir la bouche. mais papa passe en trombe à côté de toi. te pousses du chemin. et ta tempe chute sur le cadre de la porte.

tu retires tes mains de ton visage enflé et reprend contrôle de ta respiration. tu es entrée dans le monde des adultes trop tôt et tu ne sais pas quoi faire. tu n'as jamais été prête à une telle éventualité. tout ton corps en souffre. ton quotidien. tu plonges tes doigts dans la poche de ta veste pour prendre ton paquet de cigarette en carton, complètement massacré par le temps et l'humidité. tu prends l'un des bâtonnets pour l'amener à tes lèvres et l'allumer avec misère d'une allumette brisée. puis tu te lèves tant bien que mal en faisant gaffe de jeter ta capuche sur ta chevelure brunâtre. tu ne savais même pas si la porte qui s'était ouverte la nuit passée allait le faire encore aujourd'hui. des connaissances d'un soir qui veulent éviter de s'attacher à ta détresse. tu devras très certainement trouver un autre logis. ou trouver finalement de l'aide. trop d'années dans la noirceur. le silence aux lèvres. mais le besoin inévitable de voir les autres heureux.

 

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