Billie Mercer ◈ Zoe Kravitz

(naissance) Je suis née au Brésil. Ma mère, c'était une prisonnière, d'après mon dossier d'adoption - retrouvé par les autorités américaines dans le foyer où j'étais au Brésil -. Elle aurait tué son mari, un type violent. Je n'en sais pas plus. Je n'ai pas cherché, en fait. Le seul souvenir que j'ai d'elle, c'est mon prénom : Billie. C'est tout ce que j'ai d'elle... Je ne sais pas si je hais ou si j'aime ce spectre de mon passé. Je la déteste pour l'abandon, même si elle était obligée, et je l'apprécie car ça reste celle qui m'a donné la vie, que, peut-être, elle m'aurait gardé si elle avait pu...

(vente) Une seule famille. Mais avec un sacré chemin avant d'y arriver... D'abord, j'ai été vendue. Un sale "commerce" de gamins. On prenait des gamins abandonnés, on les enlevait - le pédiatre du centre étant dans le coup - et on les emmenait dans de riches familles américaines. Des gamins sans famille, dans de sales quartiers, on s'en fichait, non ? Ce n'était qu'un moucheron disparu. La police avait découvert ce trafic de gamins alors qu'on allait me donner à une famille. J'étais déjà aux Etats-Unis - enfin, sur le bord d'un port -. Ils avaient remonté tout le trafic et avaient récupéré la dizaine d'enfants qu'on était, enfermés dans un bateau de marchandise. On était des clandestins, enfermés dans ces containers et nourris une fois par jour... Enfin, je crois ? On ne savait pas trop, dans ces boites de métal. J'ai ainsi fini sous la protection de l'Etat Américain.

(adoption) C'est là que les Mercer m'ont adoptée et que j'ai fini dans les Hampton. J'étais leur "troisième" fille. Même si j'étais au milieu, ni l'aînée, ni la cadette. Le couple ne pouvait avoir d'enfant, alors ils ont adoptés un garçon puis une petite fille. Deux enfants, ils n'en voulaient pas plus. Mais ils ont appris pour l'affaire et ont voulu aider l'un des gamins pris dans cet engrenage, dans ce cercle vicieux créé par l'Homme. J'ai été la chanceuse qu'ils ont choisie. Au début, j'étais comme un chaton qu'on sortait de la rue. Je "feulais", je me mettais dans un coin et je refusais le moindre contact. Il a fallu plusieurs visites du couple, presque un an et quelques "vacances" chez eux, pour que j'accepte enfin de m'ouvrir. J'étais une enfant brisée et il avait fallu du temps pour m'apprivoiser. Pour me rendre la confiance en l'adulte.

(vie de rêve) La belle vie. Dès qu'ils m'ont adoptée, que j'ai été domptée et que j'ai pu redevenir une vraie petite fille, j'ai vécu une superbe vie. Artiste dans l'âme, mes parents ne lésinaient pas sur les cours pour me permettre d'en apprendre plus, de perfectionner mon talent... La contre-partie était que mes résultats scolaires devaient rester constant. J'ai pris de plus en plus d'assurance, je connais mes forces, je connais mes faiblesses, je ne prends pas la vie trop au sérieux car je sais que ça ne sert à rien... Mon père adoptif m'a aussi appris à être ambitieuse, à savoir ce que je veux et à tout faire pour l'avoir. Tout en restant dans la légalité. C'est ainsi, qu'au bout d'un moment, j'ai pris un petit boulot dans un supermarché pour payer moi-même mes cours de dessin en tout genre.

(fratrie) Je suis très proche de mon frère et de ma soeur. On est tous les trois différents : je suis l'artiste, la plus jeune est la sportive alors que notre grand frère est le matheux. Je passe ma vie devant une feuille, elle vit sur les stades et il ne quitte jamais son ordinateur. Mais on est très soudés. Malgré son manque de muscles, mon grand frère n'a pas peur de se mettre entre nous et nos problèmes. Même si elle est distante et plus renfermée, ma petite soeur n'hésite pas à nous réconforter et à nous prendre dans ses bras. De mon côté, je suis toujours là pour eux, quelque soit l'heure du jour ou de la nuit.

(coming-out) J'avais... Vingt ans. Je venais seulement d'avouer, à moi-même, que j'étais attirée par les filles et non par les garçons. J'avais aussi accepté les sentiments que je portais envers une amie, sentiments partagés et un couple formé. J'en ai parlé avec elle à mes parents. On a affronté les miens, puis les siens. Deux confrontations des plus difficiles, à mes yeux. Car je ne savais pas comment ils allaient réagir, même si j'étais sûre que je souhaitais être avec elle et non pas avec un mec quelconque. Mes parents l'ont plus ou moins bien pris. Ils n'ont pas sauté de joie mais ils ont accepté la nouvelle. Les siens, par contre, ça a été une autre histoire. Tellement, qu'au bout de deux mois, on s'est séparées. La tension était trop pesante sur ses épaules et elle n'en pouvait plus.

(salon de tatouages) De petits boulots en petits boulots, j'ai fait ma vie pro' un peu partout. Serveuse, plongeuse, avant de finir à un bon poste de vendeuse dans un magasin indépendant. J'ai accumulé les sous, les petits billets ont fini par créer une belle pile. Pour qu'au final, à vingt-huit ans, j'ouvre mon propre salon de tatouage. ça n'avait pas été un rêve. Au départ, je voulais juste être une petite artiste, du style à vendre par-ci, par-là. Mais après mon premier tatouage - et seul à l'heure qu'il est -, j'ai été attirée par ce métier, cet art plus qu'unique... et c'est grâce à ça que je vis, désormais, c'est ma passion qui paie ma croûte et mon loyer.

(not okay) Cela fait quatre ans que je suis avec ma petite amie actuelle. Au début, c'était le rêve. Chacune dans son appartement. Chacune avec ses petites habitudes. Chacune avec ses passions. Puis on a emménagé ensemble. A être collées l'une à l'autre. J'ai commencé à trouver notre vie lassante. Nous faisions les mêmes choses, tout le temps. La même routine. Comme un vieux couple de quarante ans et encore ! Mes parents n'étaient pas ainsi ! Je pars plus souvent seule, je fais des choses de mon côté... Je vis comme si je n'étais qu'en simple colocation. Le mieux, ce serait de partir, oui. Mais elle est malade. Très malade. Et j'ai tellement peur de partir et qu'elle se laisse mourir...

(rencontre) Cette fameuse rencontre. Ma petite soeur avait trouvé sympa' de me faire rencontrer son groupe d'amis. Pour me faire voir du monde, rencontrer d'autres personnes et sortir de ma routine. Car elle et notre frère sont au courant de mes soucis de couple et veulent m'aider un maximum. Ils ne sont pas au courant que je suis en couple, je trouve des excuses pour que personne ne vienne dans notre appartement. Ma soeur n'est pas très d'accord avec cette décision mais elle dit que je m'en mordrai les doigts, à un moment. Enfin, ça m'a permis de faire la connaissance d'autres, dont Ainsley. Elle est intrigante. Elle m'intrigue en tout cas. Elle m'attire et ça me permet d'oublier ma copine avec tous nos problèmes, ses problèmes à elle... ça fait comme un bol d'air dans un espace où j'ai été trop longtemps enfermée. En plus, c'est amusant. Très amusant. Car, quoiqu'elle dise, je les remarque ses regards. Car j'en ai déjà vu et j'en ai eu.

BIIIIIENNNNNVEEEEEENUUU(E) tu es enfin VALIIIDEEEEE sur CrazyLove, nous espérons que tu vas te sentir bien dans notre famille ! Nous avons hâte de te rencontrer et surtout de lire ta plume !  

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